Ferale.art


20 Octobre 2022

Orgasmes queers

Ça demande beaucoup de travail de se battre contre l'hétéronormativité. Parce qu'elle est la norme, elle n'a jamais besoin de se justifier. Et nous, les Interstices, ont doit prouver notre existence.

On doit prouver qu'il est possible de faire du sexe sans dominer, sans dégrader, sans blesser. Qu'il est possible de prendre du plaisir, et d'avoir des orgasmes, sans pénétration, sans organes sexuels, sans mécanismes biologiques déterministes au découpage scientifique froid.

Qu'il est possible de vouloir du sexe, du plaisir, des caresses, de le crier publiquement, sans voir sa réputation sociale dégradée ou humiliée. Qu'il est possible de faire des calins, des baisers, de prendre de soin de ses ami·es, de ses proches, sans pour autant être en couple avec elleux.

Aujourd'hui j'ai lu l'article français de Wikipedia sur les relations sexuelles. On y trouve la définition suivante pour l'orgasme :

Orgasme (selon Wikipedia)
Des contractions répétées au niveau du vagin ou du pénis toutes les 0,8 seconde. « Après les quatre à six premières, celles-ci diminueront en force et en fréquence ». L'orgasme chez certaines personnes s'accompagne de manifestations sonores plus ou moins intenses et plus ou moins discrètes (cris, soupirs, gémissements, couinement, râles, etc.).

Je me sens obligée de faire quelque chose là, vous allez me mettre en colère sinon. Bordel... C'est un homme qui a écrit cette définition, je serais prête à parier. Est-ce qu'on peut faire plus froid et plus analytique que ça ? Mais surtout, la question que je me pose... QUI a mesuré ces 0,8 secondes ? À quelle occasion ?

En fait je veux pas savoir. Je préfère proposer ma définition personnelle :

Orgasme (selon Zoé)
Ondes de plaisir qui parcourent le corps à la suite de stimulations sensorielles et mentales d'un corps consentant. Elles peuvent survenir à l'écoute d'un morceau de musique qu'on aime, d'un baiser ou de caresses sur les lèvres, les oreilles, le cou, ou tout autre partie du corps. Elles peuvent être très concentrées dans un point précis, ou bien plus diffuses. Elles provoquent un plaisir qui irradie de l'intérieur et laisse notre corps bouleversé et ému. On vit en général des orgasmes quand le contexte y est favorable : on a confiance en nous et nos partenaires, on peut se laisser porter, on ouvre notre perception au monde.
Chez certaines personnes, c'est comme se sentir soulevé·e vers le ciel, chez d'autres, c'est comme s'enraciner au coeur d'une montagne. Les relations sexuelles sont une façon de provoquer des orgasmes, mais il en existe bien d'autres : danser, chanter, peindre, sculpter, faire du sport... En fait, toute activité humaine dans laquelle on plonge notre corps de façon intégrale, physique et spirituelle, peut nous faire atteindre ce plaisir d'être en vie, d'être dans l'instant présent.

Bon, bien sûr, c'est ma définition. Elle correspond à mon vécu et ma sensibilité. Mais je me dis que ça serait cool que plus de personnes queers tentent une définition aussi, parce que là ça devient urgent, il faut vraiment pas laisser les cis-hets le faire à notre place...

J'ai envie de pouvoir dire à des gens « Je veux faire du sexe avec toi. » sans que ça veuille dire « Je veux qu'on frotte nos partie génitales. », mais plutôt « Je veux qu'on se caresse, qu'on s'embrasse, qu'on se morde la peau, qu'on se perde dans l'odeur de nos cheveux, dans la douceur de nos épidermes, la chaleur de nos langues, et qu'on se fasse suffisament confiance pour s'abandonner à l'autre, et peut-être, alors, si on a envie, avoir des orgasmes. »

Et vous alors ? C'est quoi votre définition de l'orgasme ?