Les Interstices
Les Interstices sont toutes les personnes qui vivent dans les marges, dans les creux, dans les ombres de nos sociétés.
Les Interstices sont trans, queers, lesbiennes, gays, bi, pan, ace, aro, pauvres, racisé·es, handicapé·es, punks, travailleur·euses du sexe, anarchistes, réfugié·es politiques, mineur·es abandonné·es, autistes, TDAH, retraité·es, gros·ses, non-binaires...
Bref, ce sont toutes les personnes qui ne rentrent pas dans le moule. Dans la vie soi-disant « idéale » qu'est travail, famille, mariage, enfants, maison, voiture, consommation, reproduction.
Les Interstices ne vivent pas longtemps. En tout cas en moyenne. Ce qui fait qu'iels ont tendance à être plus jeune. Iels ont également un mal fou à se sentir légitime et sont bourré·es de troubles du comportement et d'anxiétés sociales, qui sont autant de moyens de se protéger et tenir face à la violence du monde.
Mais les Interstices sont belles·beaux, sont sauvages et indomptables à l'intérieur. Par leur existence, iels prouvent chaque jour qu'on pourrait vivre dans un monde plus doux, plus sensible et plus empathique.
Les Interstices sont les bordures de l'humanité. L'orée de la forêt. La frontière qui n'appartient à aucun pays. Le lien entre les mondes.
Les Interstices sont les Corps humains qui se défendent face à la normalisation de la Cité. Iels sont l'expression de la Forêt qui nous a mis au monde sans ordre, sans hiérarchies, sans lois.
Iels sont l'étincelle de rebellion qui remet en question l'ordre établi. Iels sont le grain de sable dans les rouages du capitalisme, du patriarcat, du colonialisme.
Quand deux femmes s'embrassent en public. Quand un mec porte une robe et du maquillage. Quand une retraité vole dans un super-marché. Quand une personne autiste danse au milieu d'un passage piéton. Quand une étudiante boursière taggue les murs infranchissables d'une école privée. Quand une femme de ménage racisée crache dans le café de son patron blanc. Quand un punk brûle une voiture de flics. Quand une personne trans rentre dans une église.
Quand nous sommes toutes ces personnes, nous sommes les bâtons dans les roues des riches, des bourgeois, des nantis. Nous révélons l'absurdité du monde que la Cité humaine a construit sur notre dos.
Nous sommes les Interstices.