Des milliers de corps
Des milliers de cellules.
Vivantes.
Grouillantes et bruyantes.
Me relient au monde.
Je suis elles et elles sont moi.
Je suis cette masse collaborative.
Ce numéro d'équilibriste.
Autophage éphémère.
Des milliers de sensations.
Brûlantes.
M'envahissent.
Choc électriques du corps. En mouvement.
Elles dansent. Je danse.
Des milliers de fantomes.
M'habitent.
Connaissent les raccourcis du château hanté.
Spectacle des ombres.
Projetées sur les murs de ma boîte crânienne.
Des milliers de frissons.
Parcourent ma peau.
Les vents, les eaux, les langues et les doigts.
Les saisons et les blessures.
Les étoiles et les insectes.
Carressent.
Des milliers de regards.
Me découpent.
M'absorbent et me rangent.
Mesurent et projettent.
Que suis-je ? Quels mots ? Quelle case ?
Erreur système.
Des milliers d'années.
S'écoulent sans nous.
Sans mon corps.
Et pourtant.
Je suis là.
Nous sommes là.
Des milliers d'oiseaux, de loups de bourdons.
Des milliers de fourmis, de vers, de truites.
Des milliers de serpents, de rats, de tulipes.
Des milliers de hêtres, de fresnes, de noisetiers.
Nous sommes les corps.
Nous dansons depuis l'existence du monde.
Nous ne nous laisserons pas contrôler.
Nous ne nous laisserons pas enfermer.
Dans le moule de l'humanité.
Nous réclamons notre indépendance.
Et la démission des êtres humains
Du poste de régisseurs de l'évolution.