La masculinité
PublishedSi vous êtes un homme et que vous vous sentez, comme moi à une époque, agressé par les propos féministes, c'est que vous cachez peut-être en vous une gène, un mal-être, une question que vous avez refusé de vous poser jusqu'à maintenant: «Qu'est-ce que ça signifie d'être un homme ?»
Je vous invite à vous poser cette question, et je vous donne quelques pistes pour commencer :
- Le fait d'avoir un pénis ou des testicules fait-il de moi un homme ? Pourquoi ? Essayez d'énumérer les choses qui font de vous un homme.
- Dois-je obligatoirement être attiré par des femmes pour être un homme ? Comment les hommes homosexuels se sentent-ils hommes ?
- Puis-je trouver un homme beau tout en étant hétéro ?
- Avoir des muscles, des poils, la mâchoire ou les épaules carrées, être grand, sont-ils des critères indispensables pour être un homme ? Pensez à des hommes célèbres qui n'ont pas du tout eu besoin de ces critères pour être des hommes.
- Si je peux prendre du plaisir à aider et protéger ma famille ou mon foyer, puis-je prendre du plaisir à faire les taches ménagères, la cuisine, ou toute autre tâche arbitrairement considéré comme «féminine» ?
Se lancer dans ces réflexions est déjà un travail important qui vous permettra de mieux vous connaitre, et éventuellement comprendre d'où vient ce sexisme que vous portez sans vous en rendre compte, et vous en libérer.
Raphaël Liogier le dit d'ailleurs très bien dans son livre Descente au cœur du mâle
:
Il faudrait pouvoir lâcher prise. Vraiment. Ne plus assigner et s'assigner l'autre et soi à un rôle préconçu. Ne plus assigner une identité préconçue. Ni celle de la reproductrice. Ni celle de la poupée Barbie. Ni celle du héros. Ni celle de «celui qui sait». Ni celle du tombeur. Ni rien d'autre de prédéterminé. Parvenir à fluidifier les situations. Ne pas s'arc-bouter sur une image fixe de l'homme que nous devrions être, et surtout paraître. Surmonter l'éventuelle honte ou l'embarras qui peut surgir lors d'une rencontre ou dans une relation avec une femme qui gagne plus d'argent, qui a plus de succès, qui occupe une fonction hiérarchique plus élevée, qui a eu une vie sexuelle plus épanouie. Ce qui n’empêche pas de séduire, de jouir du consentement de l'autre. En quête de sexe épisodique ou du grand amour. Peu importe. Ne plus voir en l'autre une cible à atteindre, un objet à saisir, l'occasion d'une démonstration de force, mais un sujet volontaire, et désirable parce que volontaire, qui ne se dégrade nullement en se comportant aussi librement que «nous». L'égalité est libératrice parce qu'elle révèle les artifices du théâtre social qui nous imposait, à l'un comme à l'autre, un rôle écrit d'avance. S'ouvre alors un espace de confiance en soi et en l'autre, comme une terre inexplorée où quelque chose de nouveau et de commun peut se construire.
Pour aller plus loin, je vous invite à écouter les émissions audio de Victoire Tuaillon : Les couilles sur la table, un podcast destiné aux femmes et aux hommes qui se posent des questions sur eux-mêmes.
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